Au sec

Ayant reçu la même question de 4 personnes différentes en quelques heures, je crois que je devrais préciser que les graves inondations dont vous entendez parler en ce moment à la télé (on ne parle jamais de l'Australie dans les infos internationales, c'est donc bien qu'il s'y passe quelque chose d'extraordinaire !) ne nous touchent pas, ici, à Melbourne.
Merci de vous en être inquiétés cela dit ! ;-)

Les problèmes à gérer pour ces Australiens ne se limitent pas à la perte de tous leurs bien et à essayer de ne pas se faire emporter par l'eau :
- l'eau des égouts se mélange à l'eau de pluie, attention aux maladies, baignade hautement déconseillée !
- l'eau se retrouve de plus infestée par les crocodiles, qui doivent être tout surpris de se retrouver dans une si grande piscine...
- il n'y a plus à manger
- il n'y a plus d'électricité...

Ce message me permet aussi de faire un point sur l'appréciation des distances/ de l'échelle de ce grand continent :

--> de Melbourne (au sud) à Brisbane (capitale de l'état ravagé du Queensland, à l'est), on ne dirait pas mais il y a quand même environ 1600km, soit plus de la distance Lille-Perpignan.
La superficie de l'Australie est de 12 fois la France, ou presque la taille de l'Europe :

Bien que les inondations du Queensland recouvrent une surface comparable à la France et l'Allemagne réunis, on a encore de la marge.

Bon, c'est vrai, ce matin à la radio j'ai entendu qu'une partie du Victoria avait été évacuée également ; mais il ne s'agit pas de la même inondation d'une part, et d'autre part ça n'a pas du tout surpris Henny qui dit que ça arrive tout le temps. Bon, s'il le dit.

N'empêche, c'est un été bien bizarre, tout pluvieux et humide : même les feuilles de papier sur mon bureau regorgent d'humidité, nos shampoings et gel douche sont devenus tout liquides comme si on y avait ajouté de l'eau, tout fond !
Nous sommes donc au sec de façon relative !

D'habitude, l'été apporte plutôt un autre grand danger : les feux de brousse (ou "bushfire"). Le Victoria est d'ailleurs la région du monde la plus encline aux incendies. A l'approche de l'été, nous avons reçu par courrier un petit guide avec les précautions à prendre en cas de feu (je l'avais mis de côté pour vous montrer, mais je ne sais plus où il est).
En février 2009, désormais appelé "Samedi noir", plus de 230 personnes sont mortes, plus de 1000 maisons ravagées par les flammes et sans parler des animaux brûlés. Les flammes s'élevaient à plus de 100 mètres de hauteur...

 

La végétation, elle, se refait bien. Certaines plantes natives dépendent même des feux pour se reproduire, tels les banksia, dont les "réservoirs à graines" (un peu comme des pommes de pin) consistent en de petites capsules résistantes au feu mais qui s'ouvrent sous la chaleur des incendies, propageant ainsi les graines :

Malin, n'est-ce pas ?
Bon, il pleut à verse. Et il va falloir que j'aille au travail...
A bientôt !

Comments

[Sophie]

On a effectivement du mal à se rendre compte de la réalité quand on vit à l'autre bout du monde, même avec les images "choc" que l'on a pu voir à la télé !

[Kika]

Ah, je n'avais pas entendu parler parler de cet aspect, qui ajoute une dimension écologique très intéressante (et dérangeante); merci pour tes précisions Vince
bisous !

[Vince]

Il faut rappeler que pas loin des côtes du Queensland se situe le plus grand récif de corail (2 000 kms) inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco et qui repose sur un équilibre précaire.
Les eaux chargées de terres imprégnées de déchets, pesticides, fertilisants et autres substances toxiques (provenant des champs ou des mines de métaux inondées) ont commencé à envahir le récif. La marée « brune » a été détectée en mer entre Cooktown (nord du Queensland) et Grafton (sud de Brisbane).
Résultat, la salinité et la qualité de l’eau risquent d’être affectées, ce qui met en péril l’écosystème même.