L’aventure continue (partie 7)

Souvenez-vous. Nous avons achevé notre visite express du Nord de l’Australie (Darwin, Litchfield, Kakadu), et nous avons déjà commencé notre descente vers Alice Springs, le long de la Stuart Highway, l’autoroute dont je vous ai déjà parlé et qui traverse le pays sur un axe nord-sud de près de 3000km.

La route de Kakadu aux sources thermales de Mataranka avait constitué notre première journée de route.

2eme journée de route

On a essayé de descendre le plus possible et avons donc passé la journée dans la voiture, avec quelques arrêts pour s’étirer et se dégourdir les jambes, très rapidement car avec la chaleur de plomb il ne faisait même pas bon sortir du véhicule plus de quelques minutes.

Arrêt le matin au pub de Larrimah (qui n’est pas du tout mais pas du tout une ville : seulement 2 ou 3 bâtiments au milieu du désert), décoré de façon très typique dans l’outback, c’est-à-dire un recyclage de tout et de rien. L’effet : bordellique, amusant, créatif et exotique. Une bonne bouteille de salsepareille bien fraiche, et il est temps de remonter dans le camping-car.

Bon à savoir : si vous êtes au fin fond de l’Australie et que vous cherchez un endroit où dormir, vous risquez d’être déçu en découvrant que ces lieux appelés « hotel » ne sont en fait souvent que des bars… Je me fais systématiquement avoir !

Quelques heures plus tard, arrêt à Daly Waters pour la pause déjeuner dans un pub tout aussi décoré, et avec des cow-boys qui refont le monde le long du comptoir SVP. De vrais de vrais cow-boys (j’ai été trop timide pour leur demander si je pouvais les prendre en photo alors je ne les ai que de dos et je regrette), leurs visages presque noirs et burinés par le soleil, chapeau, bottes avec éperons !

La lecture du menu typiquement australien m’a laissée perplexe : qu’est-ce que c’est, des « noix de fesses/cul » ?? J’ai finalement compris, comme on peut les demander sur le plat, en omelette ou brouilles, qu’il s’agissait d’œufs !

C’est à Daly Waters que je me suis retrouvée de plein fouet sur les traces de John MacDouall Stuart, l’explorateur dont j’ai déjà tant admiré la détermination dans cet article

Il est en effet possible de voir “L’arbre de Stuart”, ou plutôt le tronc qu’il en reste, sur lequel on distingue un grand « S » qui aurait été gravé par l’explorateur (ou l’un des membres de son expédition) lors de leur traversée de l’Australie dans les années 1860.

Souvenez-vous, c’est le premier explorateur qui a réussi à traverser le continent, dans des conditions épouvantables, en 9 mois, et donc le premier homme blanc à avoir foulé ces terres. Le récit de ses expéditions m’avait tellement fascinée que j’ai fondu en larmes devant l’arbre. J’avais moi-même tellement chaud, je ne vois pas comment il est possible de survivre sous un tel soleil que j’ai encore mieux compris sa douleur et mon respect pour ses exploits s’en est encore trouve démultiplié.

Nous sommes remontés dans le camping-car et avons tenté de pousser le plus au sud possible. Mais vous connaissez désormais la règle d’or : ne plus conduire à partir du crépuscule. Arriverons-nous à l’aire de repos des Pebbles à temps pour camper ? Nous en doutons. Henny me dit qu’il n’y a qu’une autre possibilité pour passer la nuit : une aire de repos indiquée sur la carte portant le nom d’Attack Creek. Attack Creek, Henny tu as bien dit Attack Creek ??!!! » J’ai du mal à y croire. Quelle était la probabilité, sur des milliers de kilomètres de voyage, que nous arrivions à hauteur d’Attack Creek pile pour le coucher du jour et devions donc nous y arrêter ? Encore une fabuleuse occasion de passer la journée aux cotés de l’esprit de Stuart, car c’est ici que sa 5eme tentative de traversée du continent a pris fin brutalement : comme le nom du lieu l’indique, l’expédition a été prise d’assaut par des Aborigènes. Suite à cette attaque, à laquelle s’ajoutaient la maladie des membres de l’expédition (souffrant de divers maux dont de graves problèmes de malnutrition), Stuart a fait demi-tour.  Arriver si loin et souffrir autant, c’est triste ! La sixième expédition sera heureusement la bonne.

Voici le mémorial dressé en souvenir de l’expédition. Et un arbre poussant dans le lit desséché d’un cours d’eau à cet endroit.

C’est donc ici que nous avons passé la première de nos nuits au bord de la Stuart Highway, une expérience exaltante ! Apres n’avoir croisé pratiquement personne sur la route, vous arrivez sur ces aires de repos ou vous retrouvez quelques voitures et camping-car. Tout le monde vient passer la nuit et reprendra la route le lendemain matin. On garde un peu d’espace pour préserver son intimité, on sort la table, on fait un feu de camp, on se salue. Et quand on lève les yeux, on voit des millions et des millions d’étoiles. Celles qu’on ne voit plus au quotidien parce que la pollution lumineuse des villes les rendent invisibles. Je crois que la dernière fois que j’avais vu autant d’étoiles c’était la nuit où j’ai dormi dans une yourte en Mongolie Intérieure. Et ces étoiles, nous les aurons au-dessus de nos têtes pendant plusieurs nuits, et elles vont devenir une partie intégrante du caractère exceptionnel de notre voyage.

Ce soir-là, nous nous sommes régalés. C’était moi la cuisinière du voyage, car Henny devait faire toute la route et je prenais le relai pour la cuisine afin qu’il puisse se reposer, et j’avais aussi choisi et acheté un livre génial de recettes pour le camping. J’ai donc profité de notre feu de camp pour préparer :

• des pommes de terres farcies (une au fromage et une à l’œuf pour Henny ; une au pesto et une à l’œuf pour moi). Il suffit de couper le haut, évider un peu l’intérieur, mettre la garniture, refermer le « couvercle », envelopper dans du papier alu et cuire dans les braises.
• Un damper à la courgette. Le damper est un petit pain très apprécié dans l’outback australien car il est très facile à faire. Très bon aussi avec de la bière dans la pâte. Cuit lui aussi dans la braise.

3eme journée de route

Nous avons levé le camp a la première heure du jour pour filer au « Pebbles » (« les Petits Cailloux »), un site considéré comme la petite sœur des « Billes du Diable », que nous visiterons plus tard. Nous voulions les découvrir avec la meilleure lumière possible, mais les cailloux nous ont assez déçus ; rien de bien impressionnant.

Un petit arrêt dans la petite ville de Tennant Creek à 75km seulement de notre départ a permis de renforcer notre sentiment d’être en minorité parmi les Aborigènes.

Vers l’heure du déjeuner, nous arrivons aux Billes du Diable (« Devil’s Marbles »), une coupure bienvenue dans toute cette route.

Les Billes du diable sont des formations rocheuses de granite et de grès, formées par l'érosion. Ce dessin devrait vous faire comprendre comment Dame Nature est parvenue à un tel résultat.

L’eau s’infiltrant dans les failles de la roche vient même à bout du granite, provoquant ces spectaculaires cassures.

Le ciel était bien bleu, le site assez spectaculaire pour valoir le détour, d’autant que la promenade (un circuit fermé) est assez rapide donc vous ne mourrez pas de déshydratation !

Nous venions juste de remonter dans le camping-car quand j’ai vu par la fenêtre, à seulement quelques mètres de nous, un dingo ! J’étais bien contente qu’on ne se soit pas croisés dehors ; la rencontre sauvage avec un cousin australien du loup ne m’aurait pas rassurée des masses…

Mise en garde contre le dingo, considéré comme une peste. Photo prise au camping de Yulara. La notice dit de garder un œil attentif sur ses proches, et de ne laisser trainer aucune nourriture.

Puis, escale à Wycliffe Well, la capitale australienne des OVNIs. Si si !

 "Attention : Soucoupes volantes. Zone d'atterrissage"

Traduction libre de passages de ce site internet :

La ville détient le titre de Capitale des OVNIS depuis que des centaines d’Objets Volants Non Identifiés y ont été vus depuis la Deuxième Guerre Mondiale. La vue des OVNIS serait même si commune qu’on dit que si tu restes éveillé toute une nuit, tu n’aurais pas de chance de n’en voir aucun. Wycliffe Well fait partie du top 5 des endroits dans le monde où des phénomènes étranges seraient reportés tous les quelques jours.

Les scientifiques disent que l’univers est plein de « Lignes/Voies de Ley », qui font office d’autoroute pour les soucoupes volantes. Mais ces lignes d’énergie doivent se croiser et il se trouve que l’une de ces intersections se situe juste au-dessus du centre de l’Australie. Ce qui explique pourquoi le phénomène est si fréquent ici.

Chance, nous avions encore le temps de continuer notre route avant le coucher du soleil! Autrement, Henny aurait été content de rester dormir à Wycliffe Well (il m’en a parlé une bonne centaine de fois avant notre voyage) ; oui mais voilà : je dois vous avouer que j’aurais eu la trouille, car depuis mon enfance j’ai si peur de E.T que je ne veux même plus le voir en image !! Je n’avais pas du tout envie de dormir sous une autoroute à extraterrestres, et ai nettement préféré passer une autre nuit étoilée au bord de la Stuart Highway, autoroute bien plus familière, dans le camping jouxtant cette petite station-service.

Retour sur notre arrêt à Wycliffe Well. La station essence de cette bourgade du désert est sans doute la station la plus « space » (au sens propre comme au figuré) que j’aie jamais vue, jugez vous-même !

L’intérieur de la station service est à la fois une boutique de souvenirs, un petit restaurant de routier et un musée dédié aux petits hommes verts. Les murs sont recouverts d’articles de journaux, de photos et témoignages de personnes ayant vu des OVNIS ou ayant été enlevés par des extraterrestres. Intrigant et flippant à la fois !

Concernant les enlèvements, les témoignages convergeraient sur le fait que l’expérience ne dure que quelques minutes et a le plus de chance d’arriver aux hommes seuls dormant la fenêtre ouverte…(bien que ceux-ci, lorsqu’ils se font enlever, flottent à travers les murs donc je ne sais pas à quoi sert la fenêtre). Aucun mal ne leur est fait, mais les aliens leur introduiraient une sonde anale avant de les renvoyer dans leur lit. Euh…ca ne s’invente pas ça, si ??

4eme journée de route

Mon excitation monte d’un cran : dans quelques heures, nous arriverons enfin à Alice Springs, il reste moins de 400km !!

Nous avons fait un petit arrêt au marqueur du Tropique du Capricorne, passant donc officiellement de la zone intertropicale chaude à la zone tempérée. Bien sûr, ce passage ne fait pas brusquement tomber la température et il fait toujours très chaud !...

Et puis soudain, le relief plat devient plus montagneux, les panneaux de signalisation défilent à intervalles plus serrés, on croise plus de voitures, et nous arrivons à Alice Springs ! Beaucoup d’émotions pour moi, quelle joie d’y être après des mois d’attente !

L’album photo « Top end à Alice : descente » est en ligne ! Plein d'images inédites à y découvrir !

A suivre…

Comments

[jessicatriquenot]

Merci Brigitte ! As-tu lu les aventures de Stuart ? Je t'avais recommandé un titre il y a quelques mois. Vraiment vraiment à lire !!

[brigitte]

Bravo pour ce récit de voyage : très intéressant et très bien documenté !