Espoir !

Je n’ai pas beaucoup ecrit depuis mon accident voila un peu plus de deux mois maintenant, ayant eu beaucoup de soucis a gerer, que ce soit dans ma tete ou dans la pratique. Aujourd’hui, petit bilan parce que ca va quand meme beaucoup mieux (enfinnnn !) J

Comme la grande majorite d’entre vous le sait déjà, mon entorse a eu quelques consequences, ennuyeuses d’abord et graves ensuite :

- Immobilisation, douleur, ennui, inquietude, oedeme, enflure, surrelevation 24h/24 (j’ai arrete de surrelever la jambe pendant la nuit hier)

- Report de nos vacances tant attendues a mai 2013

- Formation de caillot dans la jambe !

Le jour ou une echographie de contrôle a revele que ce caillot s’était largement etendu (31cm) et qu’il était passe au-dessus du niveau du genou, me faisant alors courir un risque serieux pour ma sante (enfin meme ma vie), j’ai du commencer un traitement consistant en une injection quotidienne dans le ventre, pour 3 mois (oui, la derniere est normalement prevue pour le 24 decembre…et Joyeux Noel !)

Ce ne fut pas une mince affaire, ce passage aux urgences et l’administration des premieres injections, car je souffre depuis (trop) longtemps d’une phobie de tout ce qui est medical – donc la ca tombait franchement tres mal.

Et puis, cela retardait encore les seances de kine dont j’avais bien besoin (a l’heure actuelle, nous preferons toujours de pas masser le mollet pour ne pas risquer de deplacer le caillot, mais ce massage aiderait beaucoup).

Bon, en tout cas l’issue de cette periode difficile sera positive puisque, mise face au mur, j’ai du prendre les choses en main et je travaille aujourd’hui au quotidien sur ma phobie, avec l’aide precieuse de mon cheri, mes amis, ma famille, mon medecin generaliste, ma psychologue et le fa-bu-leux personnel de l’hopital Alfred de Melbourne. L’hypnotiseur m’a aussi soulagee, et la pharmacienne qui commence a me connaitre n’oublie jamais de me traiter avec gentillesse et comprehension en mettant la boite de seringues que je ne saurai voir dans un sac avant de me le tendre !

Je vais parler un peu de la therapie que je suis, pour a la fois en garder une trace et aussi peut-etre donner espoir a qui serait arrive sur mon blog en cherchant des solutions au meme probleme.

J’ai souhaite me lancer dans une therapie comportementale et cognitive (TTC) – lisez sur ce sujet ici (et cliquez sur « suite » pour continuer l’article). Ce type de therapie est prouve efficace pour les problemes de type anxiete/depression/phobie

Explications en video sur Youtube (pour maman !)

http://www.youtube.com/watch?v=3E4Jhd_Adgw&feature=related

http://www.youtube.com/watch?v=i_WXxUroGhs&feature=related

Je lis aussi un livre plutôt interessant sur la Programmation Neuro-Linguistique (PNL). On y apprend par exemple qu’on se cree nos propres experiences et reprensentations du monde et qu’il est ainsi possible de les changer/influencer en modifiant sa facon de penser.

Mais revenons a la TCC.

Voici 3 phases-cle de mon traitement :

1 : ON RESPIRE !!!

Au quotidien depuis la premiere seance, je fais des exercices de respiration pour me relaxer. Ils sont de deux types :

-          La respiration « 6 secondes » pendant environ 5 minutes, une a quatre fois par jour : on inspire pendant 3 secondes et on expire pendant 3 secondes (en se disant mentalement « relax » pendant la phase d’expiration). Ce procede permet d’effectuer 10 respiration par minute (10 fois 6 secondes), ce qui est un bon rythme car les personnes anxieuese ont tendance a respirer moins profondement et donc plus rapidement.

Ca marche, ca calme vraiment et durablement ! (suis zen, moi !)

-          La respiration avec contraction isometrique est un exercice a faire juste avant et/ou pendant la phase d'exposition au stress (pour moi par exemple au moment de l’injection) : prendre une petite inspiration et bloquer pendant 7 secondes tout en contractant progressivement et pas trop fort certains muscles puis relacher progressivement la aussi lors de l’expiration. On peut contracter son bras, les muscles de son visage, un pied, etc en fonction de ses besoins. Moi, j’ai essaye d’ecouter mon corps et ai identifie les parties qui sont les plus tendues lorsque je suis angoissee et ce sont ces muscles-la que je contracte quand je fais l’exercice.

2 : ON DESENSIBILISE

Nous avons mis en place un programme d’exposition progressive pour me permettre de me familiariser en douceur avec l’environnement hospitalier et l’idee d’une prise de sang. Le jour ou avec ma psy nous avons redige ce programme, c’était dans l’urgence car j’etais a peu pres sure que je n’allais pas pouvoir couper a un prelevement sanguin de controle 2 semaines plus tard, qui marquait la fin du premier mois de traitement.

Elle m’avait donc demande de numeroter une page jusqu'à 13 et d’ecrire a cote de ce dernier numero « aller a l’hopital et faire une prise de sang », ce qui devait etre l’objectif au jour 13 de notre preparation, a raison d’une etape par jour. La, je vous le dis, rien que ca m’a fait pleurer et j’ai eu du mal a l’ecrire ! On est donc reparties du numero 1 et c’est moi qui ai reflechi a et agence les differentes etapes de mon programme :

Jour 1 : conduire jusqu'à l’hopital et revenir

Jour 2 : jour 1 + descendre de la voiture

Jour 3 : jour 2 + me tenir devant l’hopital (que je ne pouvais alors meme pas regarder)

Jour 4 : jour 3 + passer la porte et regarder la salle d’attente autour de moi

Etc etc.

Le premier jour, je me suis dit que la premiere etape allait etre du gateau, mais non, je pleurais déjà dans la voiture…dans notre rue ! C’est Henny qui conduisait. J’ai reussi a ne pas pleurer sur le trajet le 3eme jour (et la c’est moi qui conduisais, j’etais concentree sur la route et ai été toute surprise que l’on soit déjà arrives !)

A partir de l’etape 7, j’ai eu besoin d’impliquer le personnel de l’hopital pour avoir acces a des cabinets de medecin (j’ai pu rentrer progressivement, poser des questions toucher le materiel, et on m’a meme laissee aller et venir toute seule). Les receptionnistes me reconnaissent, ont toujours un petit mot gentil d’encouragement et me laissent deambuler comme je l’entends.

Il faut savoir que comme le traitement fonctionne bien, finalement je n’ai pas de prise de sang pour le moment, donc j’utilise maintenant notre programme comme une base que j’etoffe au fur et a mesure. Et puis c’est difficile au niveau du temps d’aller a l’hopital plus de 4 fois par semaine…

Voici ce que j’ai accompli en deux semaines et demie (carrement plus que je n’aurais jamais imagine !) :

-  J’arrive a recevoir l’injection quotidienne en quelques secondes parfois, plus generalement en 2 ou 3 minutes (comme il y a la respiration !), sans angoisser toute la journee ni perdre le sommeil ;-)

C’est maintenant moi qui :

     appelle Henny quand j’estime que « c’est l’heure, faut faire l’injection ! »

     choisis l’endroit ou la piqure sera faite

     applique la creme anesthesiante (avant je ne voulais rien avoir a faire la-dedans et je ne collaborais meme pas pour soulever mon t-shirt) et puis aussi l’essuie une petite heure plus tard.

- Aussi, la derniere fois j’ai accepte de porter le sac plastique avec la boite d’injections jusqu'à la voiture (alors que les fois precedentes j’avais appele Henny a la rescousse, hors de question d’y toucher et d’en etre trop proche)

- Je vais a l’hopital seule, deambule dans les couloirs qui me faisaient si peur.

- J’ai meme voulu generaliser et me suis rendue ce week-end dans un ENORME hopital du centre-ville pour tester mes reactions… eh bien je n’ai pas eu de probleme et ai meme été tres excitee, trouvant cet hopital super et j’ai vadrouille gaiment au premier etage (celui de suivi des femmes enceintes et des cours de preparation a la naissance !)

- Je rentre et m’asseois dans la salle d’attente du cabinet d’analyses. La, ca recommence a etre un peu dur pour moi… J’attends et ecoute les gens etre appeles ; ils disparaissent ensuite quelques minutes et repartent avec un bandage au niveau du coude. Ca me depasse, je n’arrive pas a comprendre comment ils peuvent sourire !!

En tout cas j’ai quand meme bien progresse parce que je passe la porte !

- ET j’ai achete un garrot rose ! Le premier jour dans le magasin j’etais tres hesitante a le toucher ; je l’ai finalement fait mais ne suis revenue l’acheter que le lendemain. Je le manipule un peu mais ca me stresse quand meme. Hier je l’ai passe au bras de Scotty (mon ours), mais n’ai pas ose serrer.. J’ai ensuite voulu l’essayer sur Henny, mais ca me faisait peur pour lui donc je n’ai pu le lui poser qu’au niveau du poignet… Pour mon bras a moi, on verra ca plus tard !

- ET une des employees du labo qui s’est portee volontaire pour me soutenir m’a remis aujourd’hui un petit sac avec des tubes de prelevement vides et le corps de la seringue (sans l’aiguille dessus)… J’ai eu du mal a regarder, mais c’est souvent ma curiosite qui l’emporte et j’ai fini par lui poser des questions dessus J

3. ON CORRIGE LES PENSEES ERRONNEES

Dans une phobie, il y a un/des elements declencheurs d’angoisse.

Exemple : un ascenseur.

Notez que l’ascenseur n’est pas dangereux en lui-meme, mais

il va declencher des pensees/croyances

Exemple : l’ascenseur va rester bloque, je vais paniquer, rester bloquer des heures dedans, manquer d’air et mourir !!

Notez que ces croyances ont un drege de probabilite fort (c’est sur que ca va arriver) et un cout eleve aussi (payer de sa vie !)

Et ces croyances vont appeler une reaction : evitement, fuite, crise d’angoisse, etc.

Notez que si vous pensez que vous allez mourir, il n’est pas deraisonnable/injustifie de paniquer.

Pour pouvoir faire baisser le niveau d’angoisse, ce qu’il faut c’est donc en premier lieu attenuer le caractere dramatique des pensees, puisque nous reagissons bien en consequence de celles-ci.

La psy me propose donc de reflechir pendant la semaine a toutes ces pensees extremes qui me portent prejudice et d’essayer de non pas les nier, mais de les raisonner.

Exemple : « tu dis que les piqures c’est terrible, mais peut-etre qu’on pourrait dire que c’est juste desagreable ? Ne penses-tu pas que « terrible » s’appliquerait plutôt en comparaison a un evenement du type tremblement de terre par exemple ??

Et maintenant, a moi de mettre a l’epreuve/debattre mes autres pensees (« le fauteuil ressemble a une chaise electrique/de torture », « ce n’est pas naturel », « c’est violent et intrusif », etc). Pour certaines, je ne voyais au depart absolument pas comment penser autrement, par exemple « mais ca ressemble VRAIMENT a une chaise electrique, on ne peut pas dire le contraire !! »

Et puis j’ai reflechi, reflechi, et me suis dit « tiens, peut-etre que le mot « torture » est un peu fort ? Eh ouaiiiis, attends j’ai trouve ! En fait le BUT d’une chaise de torture est de faire du mal, mais le fauteuil pour la prise de sang n’en a pas de tel. Mais ces accoudoirs immenses qui font peur !! Et mais en fait, c’est pour bien pouvoir poser le bras et donc etre sur de ne pas bouger. » Et comme m’a tres justement dit un de mes etudiants, la difference c’est aussi qu’on n’est pas attache au fauteuil et qu’on peut toujours se lever et partir en cas de necessite absolue !

Et de fil en aiguille, j’arrive a en decoudre avec mes idees biaisees J

Voila ou j’en suis depuis aujourd’hui ! Il y a encore du boulot, mais on est sur la bonne voie !

Et ma psy est toujours hyper etonnee de mes avancees a chacune de nos rencontres

Et ma kine aussi ! Je fais bien mes exercices de reeducation, gagne preque 8cm de mobilite cette semaine, et ai repris la piscine (touuuuut doucement, juste 3 ou 4 longueurs hier, un peu de marche dans l’eau et beaucoup de papotage !)

Bon, ca fait quand meme deux heures que j’ecris, j’arrete pour cette fois !! Bizz

Comments

[tony lhopito]

bravo et bon courage !! ca va venir ;)

[Anita]

Je n'ai pas beaucoup pris de tes nouvelles depuis ces 2 mois, j'en suis désolée et je suis heureuse de pouvoir te lire à nouveau et de voir que ça va mieux pour toi.

Je ne pensais pas que tes phobies étaient aussi présentes, et j'imagine que ça doit être dur de les combattre, mais tu es bien parti et je suis sure que tu vas y arriver !

Je te fais de gros bisous et à bientot.

Anita